Classement des chaînes de télévision par salaire en France
8 min readMichel Drucker et Claire Chazal à la peine, Nagui et Jean-Luc Reichmann au sommet : notre classement exclusif
La télévision est un univers impitoyable, et ce n’est pas Yves Calvi qui dira le contraire . Pendant quinze ans, sur France 5, il régalait ses fans à l’heure de l’apéro dans C dans l’air, en disséquant l’actualité du jour en compagnie d’une poignée d’experts. Il y a deux ans, il était ainsi médaille d’argent de notre palmarès des animateurs les plus rentables du PAF. Mais voilà, après un détour sur LCI, le journaliste a rejoint en septembre dernier l’écurie Bolloré, signant chez Canal+ pour y reproduire peu ou prou son concept pédago à succès. Mais sur la quatrième chaîne, en pleine déroute, il n’a pas pu faire de miracle. Les téléspectateurs, eux, sont restés fidèles à leur C dans l’air. Et Calvi se retrouve lanterne rouge de notre classement…
Même si les stars de la télé ont les faveurs du public, elles ne peuvent garantir à elles seules le succès d’un programme. Pour sa quatrième édition, notre palmarès exclusif le prouve à nouveau. Sa méthodologie demeure inchangée : en interrogeant de fins connaisseurs de l’industrie télévisuelle, nous avons estimé les montants secrets payés par les chaînes aux sociétés de production pour s’offrir leurs principales émissions de divertissement. Nous avons ensuite pondéré ce coût à l’heure, avant de le comparer aux audiences effectives des programmes, mesurées par Médiamétrie. Le ratio obtenu permet de distinguer les vraies pépites des flambeurs de l’écran plat.
Premier enseignement : les jeux télévisés restent le genre le plus lucratif. Ils ont l’avantage d’être tournés en rafale, dans un même studio, jusqu’à six numéros par jour, comme c’est le cas pour Questions pour un champion ou Slam. Cela fait considérablement chuter le coût unitaire des émissions… Car le prix d’un programme TV, c’est le salaire de l’animateur, certes, mais aussi des mètres carrés de plateaux à louer, des éclairagistes à payer, des décors à financer, etc. A ce petit jeu, le maître incontesté s’appelle Jean-Luc Reichmann : en réunissant en moyenne 3,5 millions d’aficionados chaque jour avant le JT de Jean-Pierre Pernaut, il devance d’un rien ses homologues du service public, Nagui, Cyril Féraud ou le sémillant Samuel Etienne.
Deuxième leçon : la très stratégique case de l’”access” (l’heure du dîner), objet de toutes les attentions de la part des chaînes, se trouve toute chamboulée. Notre champion du dernier palmarès, Cyril Hanouna, reste un gros moteur d’audience pour C8, mais son Touche pas à mon poste perd un peu en rentabilité. Car l’animateur-producteur a entre-temps égaré quelques fans, alors que ses concurrents directs en gagnaient. Ainsi, Anne-Elisabeth Lemoine fait-elle désormais les beaux jours de France 5 avec son C à vous, facturé 50.000 euros par numéro, dîner inclus. Et sur TMC, qui appartient au groupe TF1, Yann Barthès attire toujours plus de spectateurs dans Quotidien. Son émission d’”infotainment” est même devenue plus rentable que le fameux Petit Journal qui a fait sa gloire sur Canal+, parce qu’elle est plus longue et plus suivie.
Dans l’ensemble, les diffuseurs et les studios de production l’affirment : le contexte est morose. Comme l’a souligné le CSA dans son dernier rapport, publié fin décembre, “la santé économique du secteur se dégrade”. Pour la première fois, les chaînes privées gratuites affichent dans leur ensemble un résultat d’exploitation dans le rouge. Celles qui officient sur la TNT ont introduit une concurrence nouvelle, sans parler de la montée en puissance des Netflix et autres services de vidéo à la demande : la lutte pour capter l’attention n’a jamais été aussi intense. Même les grosses machines de TF1, comme Koh-Lanta ou Danse avec les stars – les seuls shows à tutoyer les 800.000 euros par épisode tourné –, connaissent un effritement de leur audience. Du coup, TF1 comme M6 renégocient les contrats à la baisse, avec les dents. Idem chez France Télévisions, où Delphine Ernotte a dû trouver 50 millions d’économies pour son nouveau budget. Résultat : les producteurs et leurs vedettes n’ont jamais été à ce point sur le gril. Même le vénérable Michel Drucker s’est fait rogner son Vivement dimanche prochain…
Découvrez ci-dessous l’intégralité de notre palmarès de la rentabilité des animateurs de télévision.
1er : Jean-Luc Reichmann (Les Douze Coups de midi, TF1)
Nombre de téléspectateurs : 3.499.000
Prix de l’émission : 55.000 euros
Coût horaire pour 1.000 téléspectateurs* : 21 euros
Commentaire : Avec une part d’audience de 36,4%, digne de l’ORTF, et un coût à l’émission bas, typique des jeux TV, Reichmann est imbattable.
*Coût à l’heure de l’émission (estimation Capital) : coût de production – marge du producteur, apport en industrie et salaire de l’animateur compris – divisé par le nombre de téléspectateurs moyen (source : Médiamétrie) et multiplié par 1.000. Rediffusions non comptées. Audiences consolidées mesurées en septembre, octobre et novembre 2017.
2e : Bruce Toussaint, Caroline Roux (C dans l’air, F5)
Nombre de téléspectateurs : 1.356.000
Prix de l’émission : 39.000 euros
Coût horaire pour 1.000 téléspectateurs* : 27 euros
Commentaire : Animé en alternance par Caroline Roux et Bruce Toussaint, C dans l’air n’a pas changé de format, et a toujours ses fidèles.
*Coût à l’heure de l’émission (estimation Capital) : coût de production – marge du producteur, apport en industrie et salaire de l’animateur compris – divisé par le nombre de téléspectateurs moyen (source : Médiamétrie) et multiplié par 1.000. Rediffusions non comptées. Audiences consolidées mesurées en septembre, octobre et novembre 2017.
3e : Nagui (N’oubliez pas les paroles, F2)
Nombre de téléspectateurs : 2.714.000
Prix de l’émission : 40.000 euros
Coût horaire pour 1.000 téléspectateurs* : 29 euros
Commentaire : L’homme le plus aimé du PAF est aussi quasiment le plus rentable, avec ce karaoké qu’il autoproduit, comme son jeu du midi.
*Coût à l’heure de l’émission (estimation Capital) : coût de production – marge du producteur, apport en industrie et salaire de l’animateur compris – divisé par le nombre de téléspectateurs moyen (source : Médiamétrie) et multiplié par 1.000. Rediffusions non comptées. Audiences consolidées mesurées en septembre, octobre et novembre 2017.
4e : Cyril Féraud (Slam, F3)
Nombre de téléspectateurs : 1.449.000
Prix de l’émission : 25.000 euros
Coût horaire pour 1.000 téléspectateurs* : 30 euros
Commentaire : L’éternel jeune homme de France 3 est devenu une valeur sûre, avec 1,5 million de fans. Et son Slam ne coûte presque rien…
*Coût à l’heure de l’émission (estimation Capital) : coût de production – marge du producteur, apport en industrie et salaire de l’animateur compris – divisé par le nombre de téléspectateurs moyen (source : Médiamétrie) et multiplié par 1.000. Rediffusions non comptées. Audiences consolidées mesurées en septembre, octobre et novembre 2017.
5e : Samuel Etienne (Questions pour un champion, F3)
Nombre de téléspectateurs : 1.379.000
Prix de l’émission : 35.000 euros
Coût horaire pour 1.000 téléspectateurs* : 41 euros
Commentaire : Deux ans après avoir remplacé Julien Lepers, Samuel Etienne est certes rentable mais il n’a pas totalement relancé l’audience.
*Coût à l’heure de l’émission (estimation Capital) : coût de production – marge du producteur, apport en industrie et salaire de l’animateur compris – divisé par le nombre de téléspectateurs moyen (source : Médiamétrie) et multiplié par 1.000. Rediffusions non comptées. Audiences consolidées mesurées en septembre, octobre et novembre 2017.
6e : Anne-Elisabeth Lemoine (C à vous, F5)
Nombre de téléspectateurs : 934.000
Prix de l’émission : 50.000 euros
Coût horaire pour 1.000 téléspectateurs* : 42 euros
Commentaire : Pour succéder à Lapix, France 5 a nommé Anne-Elisabeth Lemoine… qui fait de C à Vous le talk le mieux classé ici.
*Coût à l’heure de l’émission (estimation Capital) : coût de production – marge du producteur, apport en industrie et salaire de l’animateur compris – divisé par le nombre de téléspectateurs moyen (source : Médiamétrie) et multiplié par 1.000. Rediffusions non comptées. Audiences consolidées mesurées en septembre, octobre et novembre 2017.
7e : Cyril Hanouna (Touche pas à mon poste, C8)
Nombre de téléspectateurs : 1.186.000
Prix de l’émission : 85.000 euros
Coût horaire pour 1.000 téléspectateurs* : 47 euros
Commentaire : Hanouna perd des fans mais reste rentable. Il produit pour 50 millions d’euros annuels d’émissions pour le groupe Canal+.
*Coût à l’heure de l’émission (estimation Capital) : coût de production – marge du producteur, apport en industrie et salaire de l’animateur compris – divisé par le nombre de téléspectateurs moyen (source : Médiamétrie) et multiplié par 1.000. Rediffusions non comptées. Audiences consolidées mesurées en septembre, octobre et novembre 2017.
8e : Laurent Ruquier (On n’est pas couché, F2)
Nombre de téléspectateurs : 1.280.000
Prix de l’émission : 190.000 euros
Coût horaire pour 1.000 téléspectateurs* : 52 euros
Commentaire : Après douze ans à la tête d’ONPC, Ruquier fait de la résistance. Facturée cher, l’émission reste reine sur sa case tardive.
*Coût à l’heure de l’émission (estimation Capital) : coût de production – marge du producteur, apport en industrie et salaire de l’animateur compris – divisé par le nombre de téléspectateurs moyen (source : Médiamétrie) et multiplié par 1.000. Rediffusions non comptées. Audiences consolidées mesurées en septembre, octobre et novembre 2017.
9e : Karine Le Marchand (L’amour est dans le pré, M6)
Nombre de téléspectateurs : 4.732.000
Prix de l’émission : 450.000 euros
Coût horaire pour 1.000 téléspectateurs* : 55 euros
Commentaire : La bonne humeur de Karine Le Marchand et de ses agriculteurs est un must pour M6, avec 4,7 millions d’accros en moyenne.
*Coût à l’heure de l’émission (estimation Capital) : coût de production – marge du producteur, apport en industrie et salaire de l’animateur compris – divisé par le nombre de téléspectateurs moyen (source : Médiamétrie) et multiplié par 1.000. Rediffusions non comptées. Audiences consolidées mesurées en septembre, octobre et novembre 2017.
10e : Cyril Lignac (Le Meilleur Pâtissier, M6)
Nombre de téléspectateurs : 3.176.000
Prix de l’émission : 370.000 euros
Coût horaire pour 1.000 téléspectateurs* : 58 euros
Commentaire : Tourné dans le parc d’un château, ce concours de gâteaux demande une sacrée logistique. Sans oublier Lignac, et sa comparse Mercotte.
*Coût à l’heure de l’émission (estimation Capital) : coût de production – marge du producteur, apport en industrie et salaire de l’animateur compris – divisé par le nombre de téléspectateurs moyen (source : Médiamétrie) et multiplié par 1.000. Rediffusions non comptées. Audiences consolidées mesurées en septembre, octobre et novembre 2017.
11e à la 20e : Patrick Sébastien, Nikos Aliagas, Stéphane Bern, Yann Barthès…. dans la moyenne
En image (ci-dessus) : la rentabilité des émissions de Patrick Sébastien, Nikos Aliagas, Stéphane Bern, Michel Cymes, Elisabeth Quin, David Ginola, Stéphane Plaza, Yann Barthès, Cristina Cordula et Philippe Etchebest.
21e à 30e : Yves Calvi, William Leymergie, Claire Chazal, Sophie Davant sont les moins rentables
En image (ci-dessus) : la rentabilité des émissions de Yves Calvi, William Leymergie, Claire Chazal, Sophie Davant, Daphné Bürki, Michel Drucker, Arthur, Thierry Ardisson, Sandrine Quétier et Denis Brogniart.